Que faire si votre enfant est victime de cyberintimidation?

Depuis deux ans, le Centre canadien de protection de l’enfance observe une hausse marquée des signalements à Cyberaide.ca venant de jeunes de 12 à 17 ans. Une grande partie de ces signalements porte sur la production de photos ou de vidéos à caractère sexuel et leur diffusion auprès d’autres jeunes par l’entremise d’Internet ou d’appareils électroniques, parfois dans un contexte de cyberintimidation. Lorsqu’un enfant est exploité ou abusé sexuellement et que les torts qu’il subit sont immortalisés sur support technologique, le traumatisme prend souvent une autre dimension.

Pour le Centre canadien de protection de l’enfance, la cyberintimidation est une forme d’intimidation extrême entre jeunes par l’entremise de la technologie. Il s’agit d’un comportement abusif, ciblé, délibéré et répétitif destiné à causer du tort à une autre jeune personne.

Nous estimons que les enseignants, les policiers scolaires, les familles et l’ensemble de la société ont tous un grand rôle à jouer auprès des jeunes victimes de cyberintimidation. Si vous craignez que votre enfant soit être victime de cyberintimidation, voici ce que vous pouvez faire :

  • Demandez à votre enfant de couper les contacts avec l’intimidateur.

    • Assurez-vous que votre enfant NE RÉPONDE PAS à l’intimidateur.

      Dites-lui d’ignorer toute tentative de l’intimidateur pour engager la conversation ou le dialogue (en l’évitant ou en l’ignorant et en s’abstenant de répondre à ses textos ou messages par Internet). Expliquez-lui que le fait de répondre à l’intimidateur ne pourrait qu’inciter ce dernier à multiplier les attaques à son endroit. Cette stratégie est d’une importance capitale si votre enfant est victime de menaces ou de chantage; signalez immédiatement la situation à la police.

    • Demandez à votre enfant de modifier ses paramètres de confidentialité sur les sites de réseautage social et de bloquer l’intimidateur ou de le retirer de sa liste d’amis ou de contacts.

      La plupart des sites permettent aux utilisateurs de déterminer qui peut consulter leur profil, y publier des messages ou leur en envoyer, et beaucoup offrent la possibilité de bloquer certains correspondants ou de les retirer. Ces options permettront à votre enfant de limiter ou d’éliminer les contacts non désirés avec l’intimidateur. Ainsi, il sera moins exposé aux messages blessants, et les propos de l’intimidateur auront aussi moins d’effet sur lui. Avant de retirer l’intimidateur, il serait bon que votre enfant fasse une copie des messages qu’il a reçus si jamais l’intervention de la police devenait nécessaire.

    • Demandez à votre enfant de changer son adresse courriel et son nom d’utilisateur.

      Cela lui permettra – et c’est important – de se distancer émotivement des messages cruels qui circulent peut-être sur Internet. Il peut aussi se créer de nouveaux comptes dont l’existence ne sera connue que de ses proches et amis en qui il a confiance.

  • Occupez-vous des photos ou des vidéos à caractère sexuel publiées sur Internet, le cas échéant.

    • Contactez les opérateurs du site où se trouvent les images en question.

      Les sites populaires (p. ex. FacebookMD, TwitterMD, InstagramMD) ont un mécanisme de signalement, et plusieurs traitent en priorité les situations impliquant des jeunes. Si le signalement contient les bonnes informations, il y a de bonnes chances que les images en cause soient retirées. Par exemple, il est important d’indiquer l’adresse exacte du site où les images sont publiées et l’âge de votre enfant au moment où les images ont été prises, de mentionner votre enfant comme étant la personne apparaissant sur les images et d’ajouter que votre enfant n’a pas publié ces images, n’a jamais consenti à leur publication et s’oppose à leur maintien en ligne. Pour plus de détails sur la marche à suivre pour contacter les sites populaires, consultez Retirer des photos ou des vidéos.

  • Dénoncez l’intimidateur.

    • Dénoncez l’intimidateur à l’école de votre enfant.

      Si votre enfant se fait intimider par des camarades d’école, il est important d’en informer des personnes en position d’agir, comme les membres de la direction.

    • Faites un signalement à l’opérateur du site ou du service de téléphonie cellulaire.

      Si votre enfant se fait intimider sur Internet, il peut signaler la situation aux opérateurs du site ou du service que l’intimidateur utilise pour s’en prendre à lui (p. ex. FacebookMD, TwitterMD, etc.). Si l’intimidation se fait par texto, consultez l’opérateur du service de téléphonie cellulaire pour voir comment bloquer un correspondant.

    • Dénoncez l’intimidateur à la police.

      Selon les circonstances, les personnes impliquées et l’ampleur de la situation, une affaire d’intimidation peut correspondre à des infractions au Code criminel du Canada (harcèlement criminel, intimidation, extorsion, libelle diffamatoire, usurpation d’identité, utilisation non autorisée d’un ordinateur, méfait concernant des données, etc.).

      N.B. Si vous craignez que la situation ait quelque chose d’illégal, il est extrêmement important de faire un signalement à la police dès que possible.

  • Faites valoir l’importance des amis.

    La présence d’amis intimes à ses côtés peut sécuriser votre enfant, lui apporter du soutien et lui donner la force de surmonter cette épreuve difficile.

En cas d’intimidation contre d’autres jeunes ou des amis

Souvent, les jeunes ne savent trop quoi faire lorsqu’un autre jeune ou un ami se fait intimider et jugent que le silence est la meilleure des options. Ils se diront peut-être : ce n’est pas mon problème, ce n’est pas mon ami, je ne l’aime pas de toute façon, elle le mérite, je préfère ignorer ce qui se passe pour ne pas empirer les choses, je n’ai pas envie d’être la prochaine cible, etc.

Il est important que les jeunes puissent manifester leur opposition au mauvais traitement d’autrui par différents moyens, et les adultes doivent insister là-dessus. Voici quelques moyens à leur disposition :

  • Refuser de participer (p. ex. s’abstenir de cliquer « J’aime » ou de retransmettre des messages hostiles) et rester en dehors de la situation.
  • Inclure la victime d’intimidation dans des activités de groupe (prendre le repas du midi entre amis, etc.).
  • Contester les messages hostiles par des commentaires comme « C’est pas correct », « Moi je la trouve super », etc.
  • Dire à la victime qu’elle ne mérite pas ce qui lui arrive et que ce n’est pas correct.
  • Mettre un adulte de confiance au courant de la situation.

Si vous craignez que votre enfant ait des pensées suicidaires, allez tout de suite chercher de l’aide professionnelle. Tout signe de comportement suicidaire doit être pris au sérieux.